[Terminé] Au grand air

Je plisse un peu les yeux à sa réponse, puis regarde ailleurs en l’écoutant. Si j’avais pu inspirer Loriel et lui donner le courage suffisant pour agir comme je l’avais fait, alors c’était très bien. La situation aurait effrayé n’importe qui, et je devais avouer que j’avais eu peur pour elle. C’est vrai quoi … comment j’aurais fait si elle avait été blessée ? Je n’avais pas le temps de m’occuper d’elle, et pourtant je sais que je ne l’aurais pas laissé là, que je ne l’aurais pas abandonnée. En gros, c’était totalement contradictoire, comme l’était mon comportement depuis le départ.

Je ne savais pas trop sur quel pied danser avec elle. Je ne voulais pas apprendre à la connaître, mais dans un autre sens elle était bien trop sympathique pour que je garde mes distances. Il faut dire, elle avait su comment m’aborder, alors que j’aurais normalement très vite pris mes jambes à mon cou, ou je l’aurais snobée en reprenant mon sport jusqu’à ce qu’elle me laisse tranquille. Mon regard se porta de nouveau vers elle, qui venait de s’asseoir par terre, et je la fixai un petit instant en restant plongée dans mes pensées. Si elle ne m’était pas venue en aide, je ne sais pas vraiment pas comment j’aurais pu m’en sortir. J’aurais fini par lui tirer dessus, ça aurait peut-être été une mauvaise idée mais si c’était la seule option … mais non, elle avait été là, elle ne s’était pas enfuie et elle avait même réussit à semer l’ours.

Sa réponse ne m’étonna pas. En effet, elle était encore dans les études comme nous en avions discuté auparavant. Est-ce qu’elle aurait fait un bon agent chez P.U.R.E ? Pourquoi je me posais cette question, elle était jeune et elle semblait bien trop ouverte d’esprit pour approuver nos idéaux. Si ça se trouve, elle détestait même notre organisation. Pas comme si j’en avait quelque chose à faire, bien sûr, mais bon … enfin, si peut-être un peu. Ce serait dommage de finir sur des mauvais termes, alors que l’on s’entendait plutôt bien. Mais si elle n’avait pas les mêmes idéaux que moi, inutile de tourner autour du pot.

Le taxi n’était toujours pas arrivé, et Loriel me sortit à nouveau de mes pensées, me faisant tourner la tête vers elle de nouveau. Sa question était logique, je me l’étais moi-même posée précédemment. J’étais totalement lunatique, mais c’était parce que je me battais intérieurement entre ce que j’étais et ce que j’aimerais être. J’avais besoin de me développer un peu socialement, quitte à me créer une sorte de double vie pour y parvenir. Mais mon vrai moi reprenait souvent le dessus, comme je l’avais bien montré dans la forêt, et j’étais encore beaucoup trop hésitante pour tenter quelque chose d’amical. Et à chaque fois que je parvenais à le faire, le reste revenait au galop, et je me braquais. Ridicule.

Elle avait fini par se lever, me fixant droit dans les yeux avec un air absolument adorable, attendant ma réponse. Je lui souris, ne pouvant m’en empêcher, puis répondit calmement et le plus naturellement possible.

« C’est simplement que je suis pas douée en relation sociale. J’essaye, pourtant, mais bon c’est pas évident. Et comme tu es très ouverte et très sympathique et que j’ai passé un très bon moment avec toi, même s’il était court, j’étais un peu perturbée je dois l’avouer. J’ai simplement pas l’habitude »

Je lui fais un clin d’œil, lui adressant un petit sourire en coin, avant de tourner la tête en entendant une voiture approcher. Le taxi était effectivement en train d’arriver, et je reposai les yeux dans ceux de Loriel.

« Bon, eh bien nos chemins se séparent ici Loriel. Je suis enchantée de t’avoir rencontrée … vraiment. »

Je pose ma main sur son épaule, serrant légèrement en conservant mon petit sourire, gardant tout de même une certaine distance. Puis je la lâchai et me dirigea vers la portière du taxi, tranquillement à cause de ma blessure, puis l’ouvrit avant de me retourner vers Loriel une nouvelle fois.

« J’espère qu’on aura l’occasion de se croiser de nouveau. On pourra peut-être faire un vrai pique-nique ce coup-ci, sans être trop dérangée ou alors de préférence pas par un ours ! »