Suis moi et je te fuis… pour une soirée ! [ Partie 2 ft Kate ]

Je venais enfin de terminer de me préparer, après avoir mis un dernier trait d’eye-liner. Je me détournais du petit miroir accroché au mur pour me tourner vers l’autre, plus grand, qui me permettais de me voir au complet. C’était parfait. Je portais une robe rouge fendue sur le côté, et qui laissait entrevoir un bon décolleté qui attirerait certainement quelques regards. Je m’étais aussi un peu maquillée, et j’avais soigné ma coiffure qui restait cependant la même que d’habitude. J’aimais me sentir féminine comme ça, surtout que je ne pouvais pas trop l’être au travail.

Mais là, c’était l’occasion rêvée. J’avais reçu une invitation à une grande fête luxueuse, comme j’avais l’habitude d’en recevoir de temps à autre. La plupart des personnes qui m’invitait ignoraient qui j’étais réellement, du moins le poste que j’occupais, et c’était mieux ainsi. Mais j’avais l’air de compter parmi les personnes importantes quand même, et appréciables, donc je ne refusais jamais une de ces invitations. Cela faisait changer d’air, au moins. Quelques derniers ajustements pour m’assurer que tout allait bien, devant comme derrière, et j’étais finalement prête à partir.

Déjà dans la rue, j’attirait quelques regards. J’aurais bien aimé voir la tête de mes gars, tient, ils ne m’avaient jamais vu porter des vêtements féminins pour la grande majorité d’entre eux. Ça leur ferait un choc, ça c’est clair, eux qui avaient l’habitude d’une femme froide, sérieuse, et concentrée sur sa tâche. Il fallait bien, après tout le boulot et la vie privée était deux choses différentes, bien que j’arrivais encore difficilement à me détacher de ma position au sein de P.U.R.E. Mais bon, cela viendrait au fur et à mesure. La dernière fois, en forêt, j’avais à peu près réussi à m’ouvrir à cette fille … Loriel ? Je ne l’avais pas revue depuis. Il faut dire, j’avais été très prise par le travail, je n’avais eu que très peu de temps pour moi, et il reste bien plus important que le reste.

Il semblait que j’étais pile à l’heure, les premières personnes commençaient déjà à rentrer dans la villa et j’en fit de même, montrant mon invitation aux gardes à l’entrée. Je savais déjà que je n’allais pas rester très longtemps, je n’aimais pas côtoyer les riches car ils avaient, pour la majorité d’entre eux, une manière de parler qui me déplaisait grandement. Non, je venais surtout pour l’ambiance, pour écouter les conversations de choses qui me dépassait totalement, et pour goûter à la nourriture que je n’achèterai jamais, même si j’en avais les moyens. Et au moins, je n’étais jamais déçue, comme là.

Les lieux étaient magnifiques. L’intérieur était tout illuminé, et tellement propre que ça en était vraiment plaisant. Il y avait déjà du monde, mais contrairement aux soirées habituelles il n’y avait pas un brouhaha atroce à supporter. C’était plaisant et je me sentais déjà bien, alors je me dirigeais vers le buffet en prenant au passage une coupe de champagne, tout en observant un peu autour de moi. Après avoir prit un petit bout de caviar, parce que j’en raffolais, je me mettais dos au buffet et fixait les gens en écoutant leur conversation parfois totalement sans intérêt.

Mais soudain, une voix que j’aurais reconnue entre mille pour une raison qui m’échappait, me parvint. Je tournais la tête pour voir Loriel, devant moi. Qu’est-ce qu’elle faisait ici ?! Peu importe, en tout cas je la fixais un instant tandis qu’elle me demandait si j’allais bien. Elle n’avait plus ses cheveux roses, mais était totalement brune et ça lui allait bien, tout comme la belle robe qu’elle portait qui se mariait parfaitement au reste. Après l’avoir parcourue de bas en haut mes yeux se plongèrent enfin dans les siens, et je repris mes esprits en lui adressant un petit sourire.

« Oh, Loriel ! Quelle surprise, je me serais jamais doutée que tu serais là ce soir. »

Je bus une gorgée de ma coupe de champagne, avant de reprendre la parole.

« Je vais bien, la soirée est agréable. Et toi alors, petite infiltrée, comment ça va ? Comment tu as fait pour venir ici incognito ? »

Il fallait dire que ça m’intéressait. Comment avait-elle pu rentrer dans un tel lieu sans se faire choper ? Décidément, elle m’impressionnait encore beaucoup, et je commençais à croire qu’il ne fallait pas gâcher son talent plus longtemps. Je la quittais des yeux un instant pour prendre un autre petit toast, puis la regarda de nouveau sans perdre mon sourire. Finalement, cette soirée allait sans doute être vraiment plus que sympa.

Je lui adressai un petit sourire amical suite à son compliment. J’avais l’habitude d’en recevoir quand je portais ce genre de vêtement, évidemment ça attirait les regards, mais le sien en particulier était d’autant plus plaisant à recevoir. Après tout, je m’entendais bien avec elle et elle était tout aussi mignonne, c’était agréable, et je la remerciai d’un petit hochement de tête.

Elle se rapprocha de moi et me murmura à l’oreille la combine qu’elle avait mit en place pour pouvoir rentrer ici incognito. Je devais dire que son plan était pas mal trouvé, au moins ça lui avait permit de s’intégrer facilement sans que personne ne l’a apparemment remarquée. Elle faisait moins jeune avec cette tenue et cette coiffure, et bizarrement je ne pouvais m’empêcher de la regarder constamment un peu plus en détail et avec attention.

« Bien joué. Tu as de la suite dans les idées, c’est intéressant. »

Ah ! Si je lui disais pourquoi je trouvais ça intéressant … Je n’avais pas des gars débiles chez P.U.R.E, enfin du moins pas trop. Mais j’étais toujours sur le qui-vive pour trouver de nouvelles recrues, et son esprit vif avait piqué ma curiosité. Bon, restait à savoir si elle adhérait à nos manières de penser et d’agir, et surtout si elle n’était pas … non, inutile de me poser la question. Pourquoi Loriel serait une Descendante ? Je n’en savais rien mais non, passons, de toutes les manières ça n’était pas du tout le moment. Je relevai la tête à sa question, et je lui souris de nouveau.

« Eh bien j’ai été invitée, pour ma part. Cela arrive, parfois, et j’en profite alors pour écouter les conversations, profiter de l’ambiance … après tout, ça n’a rien à voir avec ce qu’on a l’habitude de vivre dehors, n’est-ce pas ? »

Je la regardais tandis qu’elle prenait à manger, puis termina mon propre toast avant de la suivre des yeux, elle qui venait de me proposer de l’accompagner pour la soirée. Elle était vraiment très charmante, dans cette jolie robe bleue, et mon regard la suivit tandis qu’elle marchait à travers la foule, et je ne perdis pas un instant pour finir mon verre de champagne cul sec et pour la suivre, afin de ne pas perdre sa trace, prenant au passage une nouvelle coupe.

Arrivée à sa hauteur, elle me souriait et je fis de même, buvant une petite gorgée de ma coupe pleine. Son commentaire m’alla de nouveau droit au cœur, oui c’est vrai qu’habituellement je fais tellement masculine dans la vie de tous les jours que me voir ainsi étonnent les personnes que je côtoie. J’aime autant les deux côtés, en réalité, j’aime paraître forte mais il y a certains moments où c’était beaucoup plus agréable de se sentir regardée, féminine tout simplement.

« Oui je me doute. Le travail et le privé sont deux choses différentes, quand on s’est rencontrées j’étais en quelque sorte au travail… après ce n’est pas fréquent que je sois trop féminine c’est vrai, mais pour ce genre d’occasion c’est l’idéal. »

Je bus une nouvelle gorgée puis lui fait un clin d’œil.

« D’ailleurs, tu es très charmante dans cette tenue aussi. Et tutoie-moi, ça fait bizarre sinon ! »

Je ris légèrement puis lui prend doucement la main en l’entraînant plus loin, à l’écart de la foule pour qu’on ne soit pas bousculées, puis je continue de lui sourire doucement en lui lâchant la main.

Je voyais qu’elle rougissait un peu, ce qui n’eût pour effet sur moi que de faire élargir mon sourire. Mes compliments semblaient avoir de l’effet sur elle, et c’en était étrangement plaisant aussi. Bon aller, je serais gentille, j’allais arrêter de la taquiner pour éviter de la mettre mal à l’aise. C’était la dernière chose que je désirais. Et pour le coup, quand elle parla de ses sous-vêtements, c’est moi qui avais finis par être mal à l’aise. Je détournais le regard, gênée d’imaginer du coup ce qu’elle portait en dessous de cette robe et qui semblait, d’après ses dires, se marier à sa tenue. Mais je n’allais pas aller vérifier, hein … non, quand même.

« Ah … oui, c’est sûr. Mais au moins ils … vont avec le reste, pas vrai ? Et oui, la robe est belle et tu pourras la réutiliser, ça c’est très bien. »

Alors que je l’entraînais à l’écart, le fait qu’elle m’appelle « Capitaine Kate » me fit immédiatement tourner la tête vers elle, peut-être trop instinctivement. J’espérais qu’elle n’allait pas soupçonner quelque chose, au pire sinon elle se dirait que j’étais dans l’armée et ça m’arrangerait, après tout l’armée et la sécurité c’est lié … non ? Si elle n’aimait pas P.U.R.E, elle ne viendrait jamais à se dire que j’en faisait partie, je pense. Mais de toutes façons, je me fichais de ce qu’elle pensait à ce sujet … enfin … quelque peu.

« A me mettre sous la dent, pas spécialement. Enfin, pour toi, j’imagine que c’est le summum de tout le plaisir que tu apprécie recevoir, toute cette nourriture. Je nous entraînais à l’écart pour que personne ne nous bouscule ! »

Je la voyais regarder à droite à gauche, émerveillée par la nourriture, ce qui me fit rire et poser ma main sur son épaule que je serrai doucement dans ma main.

« Ça va aller, la nourriture va pas s’envoler et je pense qu’il y en a beaucoup trop malgré le nombre d’invité, donc tu auras bien le temps de goûter à tout mais ne va pas te rendre malade ! »

Je la lâchai puis prit une grande inspiration en regardant un peu partout, appréciant l’ambiance et les gens qui étaient en grande conversation. Je me sentais bien, et peut-être que je n’allais du coup pas partir trop tôt, selon comment ça se passait avec Loriel. J’apercevais au loin l’homme à qui appartenait ces lieux, qui serrait des mains à un peu tout le monde, et riait intérieurement. La majorité des gens se fichaient bien de ce qu’il venait d’accomplir, ils ne venaient que pour le champagne et pour se sentir différent. Dès qu’il aurait tourné le dos, les discussions sur lui iront de bon train.

« Regarde ces gens. Ils se prennent pour ce qu’ils ne sont pas, mais contrairement à toi ils l’assument pleinement face à lui. Et il fait comme s’il n’en avait pas du tout idée. Ces gens sont faux, c’est bien la seule chose qui me dérange pendant ces soirées, et la raison pour laquelle je ne viens pas pour discuter mais pour écouter. »

Elle se mit à manger, et enfin je constatai avec plaisir qu’elle ne me vouvoyait plus. Ça me rendait plus vieille que je ne l’étais, même si c’était une certaine forme de respect je n’étais pas sa supérieure ou sa mère ou quelqu’un d’important. Enfin, pour le dernier point si mais … elle n’était pas censé le savoir. Le travail restait où il était, je devais apprendre à m’en détacher. J’appréciais d’ailleurs une nouvelle fois son compliment, buvant un peu de champagne avant de répondre.

« Merci Loriel. »

Je perdis rapidement mon sourire, surprise, quand elle approcha une fourchette de ma bouche avec un délicieux bout de fraisier dont je raffolais. Je regardais la fourchette, retrouvant légèrement le sourire bien qu’un peu gênée, peu habituée par cette proximité avec quelqu’un. Et alors que je m’apprêtais à répondre avant de prendre ma décision de manger ou non, quelqu’un bouscula Loriel qui chuta contre moi.

Instinctivement, je l’avais rattrapée, une main sur sa hanche, l’autre sur la naissance de son sein gauche. Je rougis légèrement, beaucoup trop proche d’elle physiquement à l’heure actuelle, tandis qu’elle répondait à l’homme qui l’avait bousculée avant de s’excuser et de se reculer, toute rouge.

« Tu t’es pas … tu t'es pas fait mal, c’est bon ? »

Mais bien vite je retrouvais mon caractère habituel quand je vis l’homme qui s’éloignait. Je fronçais les sourcils, puis le rattrapa.

« Hé, vous là ! Vous pouvez pas faire attention où vous marchez ? Vous avez de la chance qu’elle ne soit pas tombée. La prochaine fois, vous avez intérêt à regarder autour de vous au lieu de vous focaliser sur le buffet. »

Il semblait tellement perplexe par ce que j’avais osé lui dire qu’il ne fit qu’ouvrir la bouche. Non mais c’est vrai, il y avait de la place tout de même et je nous avais éloignées pour une raison ! Ce type de personne avait le don de me mettre hors de moi.